DE BETHUNE : un cocktail explosif de style, d’idées neuves et de physique expérimentale (seconde ...
 
Le 29-03-2008

Première partie...

En quoi les montres De Bethune sont-elles emblématiques de la nouvelle révolution horlogère ? Une introduction à la nouvelle Dream Watch One.

L’idéal d’autonomie logistique a été poussé aussi loin que possible : tout est fait sur place, à L’Auberson (quatre étages), du moindre pont aux aiguilles, en passant évidemment par les composants dits « stratégiques », comme l’échappement balancier-spiral.

Même les cadrans sont à présent réalisés « in house », toujours dans la logique de l’expression la plus contemporaine du savoir-faire le plus traditionnel. La fonction créant l’organe, on remarque que, faute de pouvoir se faire livrer dans des délais raisonnables des cadrans de très haute qualité, de plus en plus de manufactures – en particulier De Bethune – ont choisi de ne plus faire appel aux cadraniers, mais de développer des cadrans plus « industriels », voire tout simplement d’éliminer le cadran pour révéler les engrenages mécaniques de leurs montres. La manufacture réalise également ses aiguilles et ses cornes amovibles

« Soit on sait faire, et, comme on le fera mieux que nos fournisseurs, on le fera nous-mêmes ; soit on ne sait pas faire, et on apprend à le faire ; soit on ne peut pas le faire, et on apprend aux partenaires à le faire minutieusement, à notre manière ».

Quand le métier n’est pas facilement internalisable, comme pour les vis ou certains pignons, le cahier des charges est d’autant plus impitoyable qu’il joue sur des mini-séries, dont chaque pièce est soumise à un contrôle qualité très sévère. Pour les bracelets ou pour les écrins, il a fallu acquérir les compétences qui permettent de parler d’égal à égal avec les fournisseurs : c’est ainsi que De Bethune dispose de superbes peaux de porosus (alligator du Pacifique, généralement australien), à larges écailles carrées, tranchées épaisses et à peu près introuvables sur le marché. Le même souci de parler d’égal à égal avec chaque fournisseur a été poussé très loin dans les autres compartiments du jeu, qu’il s’agisse de pierres précieuses, de verres saphir, ou de ressorts de barillet. Discussions qui ont entraîné la manufacture De Bethune à déposer quelques idées : puisque le ressort du barillet à tendance à frotter très légèrement au fond de son logement, Denis Flageolet a eu l’idée de monter ce ressort sur des saphirs qui limitent les frictions.

Pour David Zanetta, il s’agit d’être au plus haut niveau dans chaque détail : « Aucune montre ne peut se flatter d’être mieux faite que les nôtres. Jamais on n’avait aussi complètement poussé l’art horloger aussi loin ». Il ajoute, non sans une certaine nostalgie : « C’est ce qui me donne le sentiment de témoigner, avec De Bethune, d’une conception de la montre poussée à son point ultime d’incandescence. Nous sommes peut-être les derniers horlogers ». Affirmation sans doute poussée, elle aussi, un peu trop loin, mais expression symptomatique de ce sens du devoir qui hante l’équipe dirigeante de De Bethune : un devoir de rendre hommage à la grande tradition de la montre classique, doublé d’un devoir d’illustrer, par la pertinence de nouveaux choix, l’expression contemporaine des beaux-arts de la montre.

Tension créative permanente et pratique assidue de la corde raide, entre nouveaux concepts et principes éternels de l’horlogerie : s’imposer à l’avant-garde de la révolution horlogère n’est pas un choix tranquille, ni un chemin pavé de facilité. Trouver les détaillants capables d’expliquer toutes les subtilités du moindre détail n’est pas une sinécure. Convaincre les amateurs qu’il y a une vraie démarche horlogère derrière ce concentré de design et de technologie est plus que jamais un parcours du combattant.

Les pièces maîtresses de la collection 2008 confirment cette orientation. La nouvelle Dream Watch One (ci-dessous) résume, provisoirement, le parcours de De Bethune, tant pour l’esthétique que pour la mécanique. Pour commencer, un cadran pas comme les autres : taillé dans le palladium, il alterne ses surfaces mates, polies et brillantes, ton sur ton, avec un jeu très subtil dans l’étude des lumières captées et réfléchies. Très horloger, ce cadran n’a rien d’industriel malgré, précisément, son style techno-industriel : c’est, explique David Zanetta, « une fusion architecturale instantanément perceptible de l’espace, du temps et de la lumière ». Dont acte. Le boîtier en or gris palladié s’offre le luxe d’être à la fois imposant par ses dimensions et ultra-portable par ses proportions et son « berceau » mobile, idée horlogère qui peut relancer une course à la taille qu’on imaginait essoufflée. Même un œil moyennement exercé repère qu’il s’agit d’une De Bethune, ou au moins d’une montre vraiment pas comme les autres. Le mouvement n’est pas en reste, avec son calibre à remontage manuel (la réserve de marche de six jours trouve ici sa justification logique : elle est lisible sur le fond de la montre dans un arc de cercle rouge et blanc) et son extraordinaire lune en trois dimensions, dont le mouvement reproduit parfaitement la Lune dans notre ciel. Un examen plus attentif du mouvement révèle un oscillateur inédit, sans spiral visible dans l’échappement : cerclage de platine, cœur de silicium et ponts en palladium superbement finis structurent cet oscillateur « vibrant », qui tourne une nouvelle page de l’art du réglage fin.

C’est la philosophie de De Bethune : des maxi-avancées mécaniques pour des micro-séries horlogères à fort pouvoir de déflagration esthétique. L’essentiel est dedans autant que dehors, mais il est surtout dans le sourire béat des rares privilégiés qui parviennent à décrocher une de ces pièces et à en explorer les arcanes (guère plus de 250 clients par an, tout au plus 500 dans les deux ans à venir). La facturation de ces masterpieces post-classiques est assez lourde (rarement moins de 40 000 euros), mais pas forcément exagérée si on la compare aux pratiques des néo-horlogers conceptuels à la mode. Si le mot de « haute horlogerie » n’était pas aussi galvaudé, il définirait parfaitement l’esprit De Bethune.

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