«U»: URWERK No limit
 
Le 18-04-2008

Fondée en 1997, URWERK est I'une des maisons horlogères dont "on parle" en ce début de siècle. Heure orbitale, minute télescopique, control board ... Autant de dispositifs qui explorent la définition du temps et son expression. Audacieuse, dissidente, innovante ... URWERK est le fruit de deux personnalités au caractère bien trempé : Martin Frei, le designer, et Felix Baumgartner, I'horloger. Ce dernier s'est prêté au questionnaire d'Edgar.

Quel est le code génétique de URWERK ?
Il est assez complexe car il mêle plusieurs gênes. Le premier, et le plus évident, - en tout cas pour moi – est la tradition horlogère. Mon père est restaurateur et les plus belles pendules du XVIIème ont passé par son atelier. Enfant, voir et même pouvoir toucher ces énormes mécanismes m'impressionnait énormément. Il faut dire que mon père avait placé une monstrueuse horloge dans ma chambre, au pied de mon lit. C'était donc la première chose que je voyais le matin en me réveillant. De quoi laisser des traces tenaces dans mon inconscient! La rencontre avec Martin Frei et l'apport de tout son bagage d'artiste ont également été une influence décisive sur la formation d'URWERK et son identité. Nous avions tous les deux envie de créer du non conventionnel, ne pas refaire des garde-temps des temps anciens. Essayer de contribuer à notre façon à l'avancement de l’histoire horlogère et non pas une simple reproduction de celle-ci. Vous ne verrez jamais un tourbillon dans une de nos montres ! URWERK se veut différent, un Alien sur la planète horlogère.

Quelle est votre vision du temps?
Une de nos fans a eu cette réflexion en voyant l'un de nos premiers modèles: "On lit l’heure sur vos montres comme l'on voit le soleil se coucher". C'est vraiment ça. Nous avons voulu "créer" un temps au ralenti, plus paisible, mais aussi plus ludique. Nous avons adopté un système d'affichage sans aiguille qui confère une certaine poésie, une certaine douceur au temps qui passe. C'est l'heure qui voyage sur nos montres au contraire d'une montre classique où seules les aiguilles se meuvent. Cette vision du temps différente requiert aussi des solutions mécaniques différentes. C’est là où notre métier d'horloger devient vraiment excitant. C'est un défi constant à relever.

Etre une manufacture est-il un gage de Haute Horlogerie?
Non, pas forcement. Tout dépend de ce que l'on en fait. La première et vraie valeur réside dans nos cerveaux, dans nos savoir-faire individue1.

Qu'est-ce que cela change de fabriquer ses propres composants?
Pour être exact, nos composants sont fabriqués par notre voisin direct. Il me suffit de faire dix pas pour voir les machines CNC en action sur notre nouvelle platine ou sur notre carrousel. C'est un confort sans comparaison. Nous avons ainsi un suivi jour par jour, heure par heure de l'avancement de nos travaux. Nous pouvons faire des tests dans l’instant et ajuster un réglage s’il y a lieu.

Que représente pour URWERK la recherche et le développement ?
C’est le fondement même de notre existence. Nous avons décidé chez URWERK et dès la première année de vie de ne pas faire du conventionnel. Donc toutes les complications que nous développons et présentons dans nos créations sont originales et réalisées entièrement chez nous. La minute télescopique développée pour notre notre ligne UR-200 nous a fait perdre quelques kilos, voire quelques cheveux.

Combien de montres produisez-vous par an ?
En 2OO7, nous avons réalisé, mon équipe et moi, deux cent vingt pièces. Nous sommes actuellement quatre au bureau de Genève et trois à Zurich avec Martin. En 2008, nous allons nous adjoindre les services de deux nouveaux horlogers. Ce qui devrait nous aider à maintenir notre production, tout en développant notre nouvelle correction.

Quels sont vos objectifs à moyen terme ?
Nous devrions arriver à une production d'environ cinq cent montres d'ici cinq à dix ans. Je suis un Suisse allemand et la légende veut que nous ne soyons pas des gens pressés. URWERK avance à un pas mesuré, mais sûr. Et puis, je suis avant tout un horloger, mon ambition n'est pas de gérer une équipe, mais de continuer à passer, comme aujourd'hui, le plus clair de mon temps à l'établi.

Quelle montre portez-vous ?
Je porte une UR-201, la montre que nous avons présenté en 2007 durant notre expo1ition. C'est la meilleure façon de la tester sur le long terme. Et trouver l'in1piration pour la mener encore plus loin, améliorer encore ion fonctionnement.

Si vous deviez porter une montre d'une autre marque ...
J'avoue avoir craqué l'année dernière sur la RM 12 de Richard Mille.

Isabelle Garnerone - Magazine Edgar

 

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