Les montres, un signe extérieur de richesse à la mode
 
Le 18-04-2008

Les montres, un signe extérieur de richesse à la mode
L'équivalent d'un appartement parisien au poignet ! Au prix de 550 000 euros, la J12 "18 place Vendôme", la plus chère des montres Chanel, n'a pas de mal à trouver preneur. L'horlogerie de luxe se porte bien.
"En 2007, les exportations suisses ont bondi à 16 milliards de francs suisses (un peu plus de 10 milliards d'euros), c'est-à-dire plus de 50 % d'augmentation en quatre ans", se réjouit Jacques J. Duchêne président du comité des Exposants de BaselWorld, le salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie qui s'est tenu du 3 au 10 avril à Bâle. En ce début d'année, malgré la crise financière, les ventes restent satisfaisantes "mais ces récents événements nous obligent toutefois à rester vigilants et à réfléchir", tempère M. Duchêne, comme pour s'excuser des bons résultats du secteur. "De plus en plus de gens, souvent jeunes, peuvent s'offrir nos produits", observe Jasmine Audemars présidente du conseil d'administration d'Audemars Piguet. "Le gâteau s'agrandit avec l'arrivée de clients chinois, indiens ou en provenance des pays de l'est européen", ajoute-t-elle.

Le dynamisme des ventes débride la créativité. L'horloger Romain Jerome a créé "Day & Night", une montre qui indique seulement le jour et la nuit, sans donner l'heure.

Car la montre est moins un objet utile qu'un signe ostentatoire de richesse. Et les horlogers bijoutiers s'en donnent à coeur joie pour accumuler les diamants sur leurs créations. Avec bonheur chez Van Cleef & Arpels, qui propose, pour 180 000 euros "Folie des prés", une montre bijou en or blanc sertie de diamants. D'autres modèles sont encore plus tape-à-l'oeil. "Il y a une clientèle pour ça", note avec un haussement d'épaules un porte-parole de Cartier en montrant un modèle qui mélange or jaune et diamants.

La montre bijou ne séduit pas uniquement les femmes, ce qui incite les marques, comme Audemars Piguet, à lancer des lignes pour hommes. Raymond Weil va commercialiser une série limitée de son modèle "Nabucco", avec boutons de manchettes assortis.

Les horlogers tentent aussi de dompter de nouveaux matériaux. Pour la première fois, Audemars Piguet a utilisé le carbone forgé pour le boîtier de sa nouvelle "Royal Oak", un des modèles vedettes de la marque. Le mariage titane et or rose (même et surtout pour les hommes) est par ailleurs très à la mode.

Comme la principale fonction d'une montre est désormais d'être vue, elle doit être grosse. Les hommes ont adopté des modèles qui atteignent 4,7 centimètres de diamètre. Les femmes apprécient aussi les objets de grande taille, jusqu'à 4,2 centimètres.

Ces montres imposantes sont souvent multifonction, servant à la fois de chronomètre, de calendrier, ou sont destinées aux plongeurs et à ceux qui pilotent leur avion. Des fonctions souvent inutiles : "on ne plonge plus avec une montre de plongée mais avec un instrument électronique", avoue-t-on chez Parmigiani. En revanche, l'affichage de l'heure dans deux fuseaux horaires est très apprécié. Parmigiani a ainsi présenté au Salon International de la Haute Horlogerie, qui s'est tenu de 7 au 12 avril à Genève, un modèle où le deuxième fuseau horaire peut être réglé à la minute près. Une nouveauté qui servira à ceux qui voyagent dans des pays où l'heure locale s'ajuste au quart d'heure par rapport à l'heure GMT.

De son côté, Cartier a lancé "Santos Triple 100", où le fond du cadran, grâce à un système de prismes, se transforme en tigre, se pare de brillants ou prend une forme très classique. L'allemand A. Lange & Söhne propose, lui, la première montre tourbillon - système qui permet d'atténuer les effets de la gravité sur les mécanismes - qui peut être arrêtée pour une mise à l'heure encore plus précise.

Les vrais passionnés de montres se réjouissent de ces prouesses technologiques. D'ailleurs, les modèles dits "squelettes", qui laissent apercevoir leur mécanisme, rencontrent un succès croissant.

Joël Morio Le Monde

 

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