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La marque a lancé le 1er mars les festivités de son 175e anniversaire à Saint-Imier en publiant un ouvrage de référence et en inaugurant deux nouvelles salles de son musée (notre édition du 2 mars). L'occasion de rencontrer Walter von Kaenel, président de Longines depuis 1988. A 66 ans, cet homme dévoué à sa vallée espère rester fidèle au poste encore dix bonnes années...
Walter von Kaenel, Longines sera au premier plan en 2007, année de son 175e anniversaire. C’était important de marquer le coup d’envoi des festivités à Saint-Imier?
Bien sûr, et ce sera d’ailleurs la seule manifestation organisée ici. Mais il y aura une tournée internationale, un «road show» qui passera cet automne par l’Asie, l’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que plusieurs pays d’Europe. En septembre, nous fêterons nos 175 ans à Genève, où le Swatch Group possède le magnifique site du Pont de la Machine. En fait, entre septembre et novembre, je devrais songer à louer une roulotte. Ou un hamac!
Un livre, une extension de votre musée: c’est une contribution importante à Saint-Imier et à sa région...
A travers le livre rédigé par l’historienne Laurence Marti, nous avons voulu montrer que depuis 1700, c’est-à-dire depuis les débuts de l’horlogerie dans la région, une seule entreprise est toujours là et s’est développée: la nôtre. Mais ce n’est pas un livre sur Longines: je voulais, sous mon règne, donner aux gens de la région un témoignage historique. Ceci également en inaugurant l’étape finale des musées Longines: à travers 50 ans de production, il est intéressant de voir l’évolution récente de la marque. Par ailleurs, le livre de Laurence Marti est le premier des trois ouvrages que nous lancerons cette année.
L’année 2006 a-t-elle été aussi bonne pour Longines que pour tout le Swatch Group?
Oui, nous étions parfaitement dans la ligne. Vous savez que les marques du groupe ne publient pas de chiffres, mais notre musée permet de savoir, grâce à des panneaux – un par million – combien l’entreprise a produit de pièces jusqu’ici. Nous avons franchi les 34 millions. Et je peux vous dire que janvier et février 2007 ont été exceptionnels. En 38 ans de carrière, je n’avais jamais vu de début d’année comme celui-ci.
Rencontrez-vous des difficultés à recruter du personnel qualifié?
Tout dépend des secteurs: dans le marketing et la vente, il n’y a aucun problème. Dans la production, nous avons la chance de compter sur le CIP, qui fait un très bon travail de formation dans des domaines spécifiques. Et heureusement que nous pouvons aussi recourir au personnel frontalier. Aujourd’hui, le site de Saint-Imier occupe près de 520 personnes, dont 330 chez Longines. N’oubliez pas que nous avons aussi une unité d’ETA, qui emploie 160 personnes, ainsi que Blancpain, avec une vingtaine de collaborateurs. Nous formons par ailleurs plusieurs apprentis, notamment de commerce, et nous accueillons volontiers des stagiaires.
Vous étiez récemment au Brésil avec une délégation économique emmenée par Doris Leuthard. Un voyage qui sera utile pour l’avenir des exportations horlogères vers ce pays?
Le problème du Brésil est que les taxes appliquées aux montres suisses y sont très élevées. Ce pays ne figure donc pas parmi les 30 plus grands marchés de l’industrie horlogère, alors qu’il y aurait largement sa place. Ce voyage a donc été très utile: une commission mixte se mettra sur pied prochainement, et le problème des taxes sera à l’ordre du jour de sa première séance. Par ailleurs, j’ai beaucoup apprécié de voyager en compagnie de Doris Leuthard. J’avais déjà participé à des délégations emmenées par Jean-Pascal Delamuraz ou Pascal Couchepin, mais c’est très agréable de voyager avec une dame qui sourit presque en permanence!
Vous n’avez jamais été tenté de rejoindre une autre marque du Swatch Group?
J’ai eu de nombreuses propositions, mais ayant fait toute ma carrière, du bas de l’échelle jusqu’à la présidence, chez Longines, je suis vraiment attaché à mon entreprise. Si je rejoignais une autre marque, je crois que j’aurais de la peine à me regarder en face, le matin, dans mon miroir...
La question qui dérange
Vous évoquez l’importance d’offrir à la population, sous votre règne, un témoignage de l’histoire de la vallée. Est-ce à dire que vous songez à la retraite?
Pas du tout: j’ai 66 ans et je touche l’AVS, mais j’espère tenir encore au moins dix ans. Au sein du Swatch Group, Nicolas Hayek, qui a fêté ses 79 ans le 17 février dernier, nous montre l’exemple. Et nous suivons également les conseils de Pascal Couchepin en matière d’allongement de la vie professionnelle...
«Neuchâtel n’a jamais rien donné»
Craignez-vous l’affaiblissement de la Haute Ecole Arc ingénierie à Saint-Imier?
Nous, les entreprises régionales, avons absolument besoin que ce site reste à Saint-Imier. Nous sommes très contents que les cantons de Berne et du Jura parlent d’une même voix. Je suis un peu étonné que les Neuchâtelois ne réussissent pas à résoudre leurs problèmes entre le Haut et le Bas. Mais c’est vrai que Neuchâtel n’a jamais rien donné... Nous comptons donc sur notre conseiller d’Etat pour qu’il maintienne sa position.
Rachetée par Richemont, Minerva va développer ses activités à Villeret. Une concurrence supplémentaire ou une force pour la région?
Je suis très content que Minerva puisse survivre. Chaque unité de production qui se développe est un atout pour la région. Richemont est un partenaire parfaitement loyal, avec qui nous avons des discussions régulières au sein de l’Association patronale. Les règles du marché sont parfaitement respectées.
De collaborateur de vente à président
- 1941 Naissance en Allemagne. Retour en Suisse en 1945.
- 1957 Apprentissage d’employé de commerce à la quincaillerie Nusslé, à La Chaux-de-Fonds.
- 1964 Débuts dans l’horlogerie chez Singer, fabrique de cadrans à La Chaux-de-fonds.
- 1969 Premières armes chez Longines, en tant que collaborateur de vente. Il gravit tous les échelons avant de reprendre la direction commerciale et la présidence de la société, en 1988.
- 1990 Membre de la direction générale élargie du Swatch Group.
- Autres casquettes. Walter von Kaenel est aussi conseiller de ville à Saint-Imier, membre du bureau de l’Assemblée interjurassienne, président du syndicat patronal APHM et colonel à l’armée.
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