RADIO-ACTIVITÉ : Des montres radioactives par milliers dans les greniers
 
Le 29-08-2008

L'Agence de gestion des déchets radioactifs (France) va prochainement lancer une campagne de collecte d'objets contenant du radium : paratonnerres, montres, aiguilles médicales, fontaines miracles...

Après la découverte du radium par Marie Curie, en 1898 et de ses effets sur le traitement des tumeurs, ce produit radioactif a fait l'objet d'un engouement incroyable. Entre les deux guerres mondiales, on l'a mis à toutes les sauces. Rouges à lèvres radioactifs et pommades dopées au nucléaire faisaient fureur. « Les années folles du radium », sourit Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). « C'était le produit miracle de l'époque. »

Les risques sont limités
Problème, cette mode a la peau dure. Ainsi, récemment, dans un brocante, en Bourgogne, une femme a fait l'acquisition d'une fontaine à radium qui contenait encore la source radioactive. « Il s'agissait d'une sorte de cafetière italienne, très jolie. La partie supérieure contenait une capsule de radium insoluble sur laquelle on versait de l'eau le soir. Au petit matin, après filtration, on la buvait pour, soi-disant, être en forme. »

Un peu plus tard, sont apparues les montres lumineuses Bayard ou Jazz. Un Polonais a aussi fait breveter un paratonnerre équipé de capsules de radium. « Il n'a jamais été démontré que cela le rendait plus efficace, mais on estime que 50 000 ont été installés en France. » Il en resterait aujourd'hui plus de 40 000.

« Le plus préoccupant, ce sont les aiguilles médicales très fines que l'on utilisait pour traiter les tumeurs. Bien des familles de médecins les ont conservées chez elles. On en retrouve dans les greniers, dans de petites boîtes en plomb. » Même après plusieurs années de stockage, elles demeurent très actives. Le radium reste radioactif pendant 1 300 ans.

« Il ne s'agit pas de semer la panique dans les foyers, rassure Marie-Claude Dupuis. Les risques sont très limités. Les paratonnerres, par exemple, tant qu'ils sont en place, ne présentent aucun danger pour la santé. » L'Andra souhaite toutefois accélérer le rythme de récupération de tous ces produits domestiques. « Nous souhaiterions régler le problème dans les dix ans. » La nouvelle loi sur la gestion des déchets radioactifs devrait l'aider. Depuis le 1er janvier, une subvention permet de les reprendre gratuitement. « Avant, le particulier qui voulait se débarrasser de son paratonnerre devait débourser 1 500 €. » Dissuasif.

Cette nouvelle loi confie aussi à l'Andra la dépollution de tous les sites, aujourd'hui fermés, où l'on a manipulé l'atome. Une vingtaine doit l'être en priorité. Ainsi, « dans l'Essonne, à Gif-sur-Yvette, des personnes vivent aujourd'hui dans d'anciens laboratoires de radium. » Par idéal pour un avenir radieux.

Jean-Pierre BUISSON

 

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