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Quadrillant la Chine avec plus de 1100 boutiques, le groupe horloger Peace Mark diffuse près de 150 marques européennes, dont 65% des montres suisses distribuées dans le pays.
Peace Mark: réf. 0304 au Stock Exchange de Hong Kong. Un groupe devenu, en vingt-cinq ans, le premier partenaire chinois des marques suisses et le premier grand horloger chinois. Le chiffre d’affaires tous azimuts de Peace Mark (usines, boutiques, marques) n’est pas consolidé. Mais on peut l’estimer à un peu moins d’un milliard de francs suisses, ce qui placerait le groupe parmi les cinq premiers mondiaux. Croissance annuelle avouée pour 2007: 36%! Originaire de Hong Kong, Peace Mark a longtemps tiré sa force de ses usines. Hormis dans le très haut de gamme, quelle marque suisse n’a jamais fait appel au savoir-faire multispécialisé des ateliers de Peace Mark? Le groupe a ainsi «appris» les belles montres, ce qui a poussé Patrick Chau, le chairman golfeur, et Yung Leung, le CEO visionnaire, à les commercialiser, en quadrillant l’espace chinois d’un réseau qui dépasse les 1100 boutiques.
Dans le très haut de gamme, on compte 35 vitrines monomarques créées pour Rolex (la plus grande boutique de toute l’Asie), Breitling, Boucheron, plusieurs marques du Swatch Group ou de Richemont. Le réseau Solomon (60 enseignes multimarques) diffuse les marques stars des groupes Richemont, Swatch et LVMH. En outre, Peace Mark s’est associé avec Tourneau, numéro un américain, pour ouvrir en Chine 30 boutiques de luxe. Les réseaux EEC et TimeZone se consacrant aux marques plus accessibles et aux montres de mode «à l’européenne», dont les classes moyennes chinoises sont friandes. Leader local absolu, Peace Mark y diffuse près de 150 marques européennes, dont 65% de toutes les montres suisses distribuées en Chine!
Une âme de conquérant
Du coup, Peace Mark met le nez à la fenêtre: le groupe s’est récemment offert le réseau Sincere, distributeur des fleurons du groupe Franck Muller, de Richemont, de LVMH et du Swatch Group dans tout le Sud-Est asiatique. Autant dire que Peace Mark – qui lorgne vers le Japon – tient dans sa main le marché de la montre de luxe dans toute l’Asie. Le groupe vient également de prendre position sur le marché ex-soviétique…
Etape suivante: la haute horlogerie «à la suisse», c’est-à-dire le savoirfaire mécanique et la construction de «vraies» marques. Investissements dans le Swiss Made: le rachat de manufactures suisses (Soprod et SMT: 250 000 mouvements mécaniques par an, dont 50 000 calibres «manufacture») et de la marque Milus. Reprise de nombreuses marques et licences en France (Yema, Fiorucci, Rykiel, etc.), en Allemagne et en Europe, Russie comprise. En Chine même, rachat des néovirtuoses de la marque Sea- Gull, qui réalise ses propres tourbillons et ses répétitions minute. Au SIHH de Genève comme à Baselworld, où ce «sino-Swatch group» dispose discrètement de «stands d’observation», Patrick Chau et Yung Leung ne passent plus du tout inaperçus…
Grégory Pons
Tribune des Arts
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