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Fawaz Gruosi, le patron de la marque genevoise, a fait appel à Ernst & Young pour rechercher la perle rare.
L'année 2009 sera celle du grand saut pour De Grisogono. Seul maître à bord depuis l'an dernier, Fawaz Gruosi n'en a du reste pas fait mystère. Le fondateur de la marque horlogère, qui a connu une ascension fulgurante en tout juste quinze ans, veut continuer à grandir. Et pour ce faire, il a besoin de liquidités. «C'est donc probable qu'un jour un actionnaire rentre dans la société», confiait-il en avril dans la presse.
En réalité, les travaux d'approche sont déjà bien avancés. La firme genevoise a mandaté la société Ernst & Young afin de lui établir un mémorandum confidentiel, que s'est procurée la SonntagsZeitung. Selon l'hebdomadaire alémanique, De Grisogono serait à la recherche d'un actionnaire pouvant lui amener 100 millions de francs, moyennant une part minoritaire des droits de vote au sein de la holding de Plan-les-Ouates.
Pour mémoire, Fawaz Gruosi, qui s'était taillé une réputation dans le monde de la joaillerie en introduisant le diamant noir, n'avait repris son indépendance que récemment. En mai 2007, il rachetait les 49% du capital de sa société détenus par la famille Scheufele, propriétaire de la marque Chopard. Une séparation qui n'a rien d'un divorce houleux, le contrat étant arrivé à terme au bout de cinq ans, expliquait alors celui qui est aussi l'époux de Caroline Gruosi-Scheufele, la présidente de Chopard.
Objectif ambitieux
Désormais, De Grisogono vole de ses propres ailes et s'est fixé un objectif ambitieux: réaliser plus du double des ventes en 2011, soit 300 millions de chiffre d'affaires contre 135,8 millions l'an dernier. Avec un rythme de croissance annuelle de 16,4% ces cinq derniers exercices, ajouté à une légère baisse de profitabilité en raison de la hausse du coût des matières premières ainsi que des frais de marketing et de distribution, l'horloger-joaillier doit s'assurer de nouveaux financements.
Un apport d'argent frais permettrait ainsi à la société d'horlogerie de luxe de liquider diverses dettes - notamment une partie d'un crédit bancaire de 50 millions de francs accordé pour le rachat des 49% à la famille Scheufele - et de s'assurer des liquidités suffisantes pour financer son développement et atteindre une taille critique.
Fawaz Gruosi, qui fêtera vendredi son anniversaire à Porto Cervo, se trouve plutôt bien entouré. L'horloger qui côtoie volontiers les stars d'Elton John à Naomi Campbell en passant par Paul Allen sera certainement très convoité. Notamment par les frères ennemis du luxe, PPR et LVMH, à la recherche des diamants de la branche. Le premier a récemment acquis 23% du capital du groupe chaux-de-fonnier Sowind (Girard-Perregaux, Jean Richard) tandis que le second rachetait un mois auparavant Hublot.
Elisabeth NICOUD
Tribune de Genève
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