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Alors que la démission de Francisco Vinas semble imminente, le futur du club de football se dessine en coulisses.
Dans les bas-fonds servettiens, tout est opaque, ou presque. Cousteau n’est plus là pour filmer les rares traces de vie, mais il aurait été confronté au même monde du silence qui lui était si cher. «Silenzio Stampa» jour 2, donc, pour les Grenat qui ont décidé de se murer dans le mutisme 24 heures de plus.
Une aphonie subite qui trahit un état proche de la déréliction. En fait, en coulisses, tout tourne toujours autour de la même personne: Francisco Vinas. Usé par l’exercice d’une présidence qui lui échappe, l’homme prépare sa sortie. C’est en tout cas ce qui filtre çà et là des réunions qui se sont multipliées depuis hier. Sa démission serait donc imminente.
En coulisses toujours, mais plus en périphérie, des choses se mettent déjà en place pour anticiper l’avenir. Une solution genevoise, qui aurait le ferme soutien politique de MM. Muller (l’Etat) et Tornare (la Ville), prend forme autour d’Yves Grange. L’actuel président d’UGS, qui travaille dans l’immobilier, pourrait ainsi devenir celui de Servette, le cas échéant. En fédérant autour de lui plusieurs investisseurs.
L’un, et pas des moindres, se dévoile déjà dans nos colonnes. Il s’agit de la Fondation Hans Wilsdorf, propriétaire de Rolex et soucieuse du développement de la jeunesse par le sport, notamment. Par le biais de son président, la Fondation se déclare prête à investir un million par année, sur une durée de cinq ans! Yves Grange a déjà une sérieuse idée du projet qu’il entend développer.
Sa venue est d’ailleurs plus conditionnée par les structures dans lesquelles tout cela s’organiserait que par le départ attendu de Vinas. Explications.
LA PHILOSOPHIE - «Dans l’idéal, il faut une majorité d’investisseurs genevois, explique Yves Grange. Je me félicite donc des intentions de la Fondation Wilsdorf. Mais ce n’est que le point de départ. Il nous faut trouver encore quatre investisseurs à même hauteur pour assurer le budget souhaité.»
LE BUDGET PRÉVU - L’objectif est d’assurer la pérennité de Servette. «Nous cherchons donc des entreprises qui feraient dans le mécénat, comme la Fondation Wilsdorf, précise Grange. Et qui s’engageraient pareillement à investir 1 million par an sur cinq ans. Sans espoir de retour sur investissement.» Résultat: un budget de 6 millions au total. Un million de recettes et cinq millions des investisseurs. Objectif: la Super League, bien sûr.
LA PRÉSIDENCE - Francisco Vinas étant sur le départ, Yves Grange pourrait lui succéder. «Oui, ce challenge m’intéresse, assure-t-il. Mais je ne me lancerai jamais avant d’avoir réuni les fonds précités. Un audit complet du club sera nécessaire aussi, une fois le tour de table prêt, pour connaître la situation globale, y compris les relations avec le Stade de Genève.»
AUTRES PARTENAIRES - Qui pour accompagner la Fondation Wilsdorf et Yves Grange? «Je pense aux banques privées, lance ce dernier. Aux industriels locaux aussi. Je reste ouvert et je suis prêt à rencontrer les Pishyar. Le critère sera le même pour tous: de très solides garanties bancaires.»
Me Mottu: «Si nous pouvons amorcer la pompe, tant mieux»
Me Pierre Mottu, notaire, est également le président de la Fondation Hans Wilsdorf.
Me Mottu, la Fondation est donc prête à s’investir pour aider le Servette FC?
Oui. Pour autant que nous ne soyons pas les seuls, bien sûr, donc que le budget soit couvert. Mais oui, dans ces conditions, nous sommes prêts. C’est pourquoi je suis en mesure de le confirmer. Si nous pouvons amorcer la pompe, tant mieux.
A quelle hauteur?
Nous en avons parlé avec Yves Grange. Il s’agirait d’un investissement de 1 million par année sur une durée de cinq ans.
Pourquoi êtes-vous disposé à fournir cet effort?
Nous sommes déjà au côté d’Yves Grange avec UGS. Nous avons appris à le connaître. Sa candidature pour Servette se profilait depuis un moment déjà. Mais manifestement M. Vinas tirait le frein à main… Si les choses devaient s’accélérer maintenant, Yves Grange a toute notre confiance. Une relation primordiale pour notre investissement. Sinon, Servette entraînant dans son sillage bien des jeunes, ils ont besoin d’avoir un club phare.
La Fondation a-t-elle envisagé de financer seule l’opération?
Non. Nous ne voulons pas que l’on confonde Fondation Wilsdorf et Servette. Nous sommes là pour aider. Nous faisons confiance à Yves Grange pour le sérieux des partenaires qui viendront. Et si l’un ou l’autre veut être majoritaire, pas de problème.
Le tour de table doit être rapidement mis sur pied…
La situation urge, oui. Nous sommes prêts. Si le tour de table devait être prêt demain, nous pourrions verser l’argent le soir même. Mais nous n’en sommes pas encore là…
TDG |