Le butin de l’Espace horloger reste introuvable
 
Le 10-11-2008

Mais où est donc passé le butin? Aidées par une interprète, Françoise Dessaux, la présidente du Tribunal correctionnel du Nord vaudois et le ministère public, représenté par Magali Bonvin, ont vainement essayé de «cuisiner» le Serbe de 47 ans, accusé d’avoir participé au cambriolage du musée Espace horloger, le 16 février 2006, au Sentier. Mais, se mettant dans la peau du simple complice qui ne savait pas grand-chose des détails de l’opération, l’accusé s’est montré avare de révélations.

Le jour des faits, l’accusé et deux de ses comparses – un troisième les attendait dehors dans une voiture – se sont introduits dans ce lieu où sont exposés des montres et des bijoux. Après avoir ligoté la réceptionniste, ils brisent les vitrines d’exposition avant de faire main basse sur une septantaine de montres d’exposition et des bijoux, d’une valeur de 500?000 francs. Leur forfait accompli, ils s’enfuient vers la France. Durant leur cavale, ils jettent les bonnets et casquettes qu’ils portaient: les traces d’ADN de l’accusé le trahiront. Il sera arrêté en Allemagne pour un vol dans une bijouterie, tandis qu’un autre de ses complices sera pincé par la police dans le Jura français.


Méfaits en Europe

Aîné d’une fratrie de deux enfants, ce père d’un garçon de 21 ans a passé son enfance entre la Serbie et la Slovénie, écartelé entre deux parents divorcés. Cuisinier de formation, il est pourtant plus habitué à entendre le cliquetis des menottes que le bruit des assiettes et des verres. En effet, les salles d’audience, de la Slovénie à l’Italie, en passant par les Pays-Bas, l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse, il connaît. Des vols, des dommages à la propriété, des escroqueries, des lésions corporelles graves… Car derrière ses airs de «Monsieur tout le monde» se cache un bandit de grand chemin, qui peut se montrer d’une violence inouïe. Ainsi, en 1993, il s’illustre tristement en Slovénie. Après avoir menacé un homme avec un pistolet, il l’agenouille, l’asperge d’essence et lui boute le feu. Le malheureux décède le lendemain à l’hôpital. «Reconnaissez-vous les faits?» interroge la présidente du tribunal. Sans sourciller, il répond par l’affirmative. «Pourquoi, enchaîne Françoise Dessaux, avez vous fait ça?» Réponse: «Il me devait de l’argent!»

Et Magali Bonvin d’estimer que cet homme, ayant l’étoffe d’un «criminel d’envergure», ne peut pas se contenter des miettes dans une affaire: «Il doit payer par une peine privative de liberté de 5 ans.» L’avocate Axelle Prior ne l’entend pas de cette oreille: «Il ne faut surtout pas juger mon client sur ses antécédents.»

En fin d’audience, la voix nouée, rouge comme une écrevisse, l’accusé fait part de ses regrets. «Quand je sortirai de prison, j’irai en montagne pour élever des moutons.» En attendant la lecture du jugement, aujourd’hui à 17?h, il semble être dans de sales draps.


24Heures

ABDOULAYE PENDA NDIAYE

 

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